CHARPONT Source : Annuaire du Département 1860
"Au VIIIe siècle Sontéri Pons, la commune est devenue Charpont vers le XIe siècle.
Fief seigneurial important des seigneurs de Nogent-le-Roi, sous l'administration de Béranger 1e, abbé de Coulombs (1026-1047), et lorsque Hugues Bardulphe, ou Bardoul, devient seigneur de Nogent-le-Roi, un des vassaux de cette terre, Gaston, fils de Raoul Le Barbu, institue un droit de péage au passage des rivières, sur les terres du seigneur, origine du nom de "cher pont".
Il subsiste dans la commune des vestiges d'un château-fort.
Le joli village de Charpont est situé dans une vallée plate, bordée de coteaux qui s’élèvent au sud ouest et au nord est, et où coule la rivière d’Eure à 7 kilomètres de Dreux et à 30 de Chartres. Son nom lui vient de l’un des deux ponts jetés sur l’Eure comme l’indiquent les noms latins sous lesquels on désignait cette localité dès le huitième siècle « sonteri pons » « sonteri pontus ».
La culture des terres y était pratiquée à cette époque et l’abbaye de Saint Germain des Prés y avait plusieurs colons.
Dès le onzième siècle, le nom de sonteri pons était déjà devenu Cherpont, sans doute à cause du droit de péage ou de travers (droit de passage ou de transport des marchandises à travers les terres du seigneur, ce tribut se percevait principalement au passage des rivières) dû au seigneur pour les chariots et qui s’exerçaient à cet endroit : car cher chariot charetta.
Cherpont jouissait alors de tous les droits qui constituent un fief seigneurial important. Il appartenait aux seigneurs de Nogent le Roi qui y avait un juge (judex celui qui avait le droit d’exercer la justice), un viguier (vicarius vigerin lieutenant - ces officiers exerçaient les attributions des comtes dans les petites villes et dans les pagi du comte, leur juridiction comme juge bornée aux causes d’une importance secondaire à celle que l’on appellera plus tard de moyenne et basse justice ne s’étendait pas aux affaires capitales dont la connaissance était réservée au comte ou au roi), un sergent bannier (bannarius ou bannerius sergent dont les fonctions étaient de faire les citations et les ajournements et de lever les amendes), un commandeur ou procureur (officier subalterne de justice), un poteau de justice, une prison (on connaît encore à Charpont la rue du carcan et la rue du guichet), une ferme, un château fort nommé Renancourt entouré de canaux bordant la rivière de l’Eure. Il n’en reste plus que des ruines converties en une petite ferme appartenant à Mme de Montblin. Cet ancien manoir est encore mentionné en 1759 dans une petite notice sur la commune qui nous occupe.
Sous l’administration de Béranger, premier abbé de Coulombs (1026 à 1047) et dans les premiers temps que Huigues Bardulphe ou Bardoul était devenu seigneur de Nogent le Roi, un des vassaux de cette terre appelé Gaston, fils de Raoul le barbu dont la postérité a formé la seconde branche des seigneurs de Chateauneuf, avait donné en aumône à l’abbaye de Coulombs le fief de Charpont. Le château et la terre de Nogent ayant passé peu de temps après dans les mains de Henri roi de France, le donateur lui demanda de ratifier la donation. Henri voulut bien y consentir avec l’adhésion de tous les grands à qui appartenait d’y concourir, ce sont les termes de la charte au bas de laquelle étaient les sceaux de 33 seigneurs tous désignés par leur nom (1044).
Dans une charte du roi Robert de 1028 confirmative de la restauration de Coulombs, l’on voit que plusieurs grands du royaume comme dans celle de 1044 y ont apposés leur scel avec le roi.
Le président Haynaut et l’abbé vely (recueil des histoires de France tome 9 page 604) n’ont donc pas été fondés à dire que Philippe 1er est le premier de nos rois qui, pour autoriser ses chartes, les a fait souscrire par les grands officiers de la couronne.
En 1060, Richard seigneur de Saint André de la Marche était propriétaire de l’église et des dîmes de Charpont avec divers héritages, du labour d’une charrue situé dans la même paroisse. La donation qu’il en fit à l’abbaye de Coulombs fut confirmée par Elisabeth de Broie, dame de Nogent le Roi, et Simon de Montfort son mari, desquels les objets donnés relevaient en fief à cause de leurs terres de Nogent .
(grand cartulaire de Coulombs page 156)
En 1143, Hugues fils de Gervais de Châteauneuf, l’un des descendants de Raoul le barbu déjà nommé, allant à la cour du roi de France qui devait se tenir à Haute Bruyère (ancien fief seigneurial de Seine et Oise près d’Epernon) passa par Coulombs accompagné de Marin de Marcilly et de Gosbert de Tremblay. Il y fut honorablement reçu par les religieux et, après qu’on lui eut exhibé les chartes tant de la donation faite par ses ancêtres de la terre de Charpont que de la confirmation qui en avait été accordée par le roi Henri 1er, il affranchit cette terre d’une redevance que l’on exigeait contre la teneur des titres
(grand cartulaire de Coulombs page 78 inventaire de Coulombs page 343).
Les moines de Coulombs possédaient à Charpont une belle ferme qu’on appelait la chambrerie qui fut détruite en 1793, il n’en reste plus que deux tourelles. Ce champtier porte le nom des Moineries.
On conserve aux archives d’Eure et Loir un plan des fiefs, terres et seigneurie de la chambre ou chambrerie de Charpont. Le camérier ou chambrier -Camerarius – avait l’administration des terres, des revenus et de tout l’immobilier de l’abbaye de Coulombs. C’était l’officier particulièrement chargé du soin des intérêts temporels de la congrégation. On lui donnait aussi le nom de cubiculaire (cubicularius).
En 1530, un registre censier de la boucherie de la seigneurie de Dreux mentionne Jehan Mussard, prestre curé de Charpont et saint Laurent de la Gastine, tenant à cens du chapitre de Chartres une maison, cour et appentis derrière, assis à Dreux rue au laict.
On conserve aux archives départementales d’Eure et Loir plusieurs plans concernant cette commune et dont l’énoncé nous a paru offrir assez d’intérêts pour trouver place ici :
plan du village de Charpont et des champtiers des sablons, marais et grenouillère pour servir à régler les doits des censives appartenant à l’abbaye de Coulombs , au seigneur de la chambrerie de Charpont et à messire François Jérôme Chaban de la Borie, escuyer seigneur châtelain de Prémont de 1770.
Plan du fief du village de Charpont et de quelques champtiers en contestation entre M. de la Borie (Borye) seigneur de Prémont et de l’abbaye de Coulombs.
Double du plan de partie du village de Charpont à la suite duquel est une transaction entre l'abbaye de Coulombs et M. Chaban de la Borie.
Plan du fief de Charpont dans lequel sont compris les prés de la Letamière - 1775 Robert de l’Epinay (hameau de la commune de Garnay).
Plan des fiefs, terre et seigneurie de la chambre ou chambrerie de Charpont.
Autre plan des terres du chambrier de Charpont relatives à une contestation entre le seigneur de l’Epinay et les religieux.
plan et figure du bois du prieuré de Notre Dame de Villemeux assis au dessus de la côte entre Charpont et Villemeux contenant au total 121 arpents 52 perches – 1750 – plus un petit * Plan relatif a une difficulté avec M. Asselin et les religieux de Coulombs.
Plan de partie du village de Charpont du moulin et des prairies relatif aux contestations entre de la Borye et l’abbaye de Coulombs.
Autre plan de partie du village de Charpont relatif aux contestations entre les mêmes parties.
Plan présumé être celui du domaine du prieur de Charpont abbaye de Coulombs.
Plan du champtier des bornes et marsonnieres tirés des déclarations de la seigneurie de Prémont en 1623, 1625, 1685, 1686, relatif aux contestations entre M. de la Borye et l’abbaye de Coulombs.
Trois croquis des grenouillères et des sablons relatifs aux contestations d’entre M. de la Borye et l’abbaye de Coulombs.
Un rouleau de brouillons de la seigneurie de Charpont relevant de Renancourt à cause de la terre de Prémont"
Quelques précisions depuis ce texte: Le Château de Renancourt se trouve sur la commune de Villemeux
(Mauzaize) et non pas à Charpont.